Noms de domaine: quel service d’enregistrement choisir?

Tout au début, le registre pour chaque extension (.COM, .NET, .ORG, ou les extensions nationales telles que .FR, .CH, .BE) fonctionnait également comme service d’enregistrement (registrar) pour les clients. Rpidement (plus ou moins selon les pays), une libéralisation est intervenue: des dizaines de registraires, pour reprendre un mot proposé par nos amis québecois, proposent leurs services comme intermédiaires entre les registres et les clients — vous, moi… Il est important de choisir un bon bureau d’enregistrement: si vous développez un projet important s’appuyant sur un nom de domaine, vous n’avez pas envie de perdre soudain le contrôle de celui-ci. Et si vous faites commerce de noms de domaine, vous devez veiller à éviter des incidents fâcheux, par exemple le transfert non désiré d’un nom. Bien choisir un bureau d’enregistrement est aussi important que bien choisir une banque ou une compagnie d’assurance. J’en recommande quelques-uns dans cet article.

Au cours de la brève histoire des noms de domaine, il y a eu des débâcles: je me souviens de celle de Registerfly en 2007, dont Wikipedia présente un bon résumé en anglais. J’avais quelques dizaines de noms de domaine enregistrés chez Registerfly: par chance, j’avais réussi à transférer les derniers chez un autre registraire peu de temps avant l’interruption des opérations.

Au fil des ans, j’ai été amené à ouvrir des comptes chez une vingtaine de registraires — parfois simplement pour faciliter l’acquisition d’un nom de domaine se trouvant chez l’un d’eux: un push d’un compte à l’autre est immédiat, alors que le transfert d’un registraire à un autre peut durer plusieurs jours, dans certains cas. Cependant, il est raisonnable de ne pas multiplier les comptes actifs: même avec un tableau d’ensemble ou un logiciel de gestion de ses noms de domaine, l’utilisateur risque de s’y perdre, voire d’oublier un nom isolé quelque part.

La solution la plus judicieuse est donc de procéder à une consolidation de noms de domaine éparpillés en les concentrant chez un, deux ou trois registraires. Le cas échéant, quelques noms devront être enregistrés ailleurs (par exemple s’il s’agit d’extensions nationales disponibles seulement chez de rares registrars).

Bien entendu, il est possible aussi, surtout si l’on ne possède que des extensions courantes (par exemple .COM), de tout rassembler chez un seul registraire. Si l’on possède moins de cent domaines, cette pratique est certainement raisonnable. Mais les propriétaires d’un portefeuille plus large peuvent aussi envisager de recourir aux services de deux ou trois bureaux d’enregistrement: non seulement pour suivre le principe de « ne pas mettre tous les œufs dans le même panier », mais aussi parce que cela permet plus aisément de transférer rapidement ses noms de domaine ailleurs en cas de problème. C’est une question de choix personnel: qu’on utilise uniquement un registraire, ou qu’on en choisisse deux ou trois, l’important est de choisir parmi les meilleurs. Des considérations de sécurité (d’abord) et de prix (ensuite) entreront aussi en compte.

Pour ma part, j’ai aussi généralement choisi de ne pas avoir l’enregistrement de mes domaines dans la même entreprise que l’hébergement de ceux-ci: cela me donne plus de liberté. Mais, là encore, c’est une question de choix personnel.
Il y a un certain nombre de registraires de bonne réputation aujourd’hui. Ceux que je vais mentionner ci-après n’ont donc rien d’une liste exhaustive; de plus, ils sont (presque) tous de langue anglaise, ce qui exige de maîtriser un peu cette langue. Ce sont tous des services d’enregistrement auxquels je fais confiance.

Uniregistry: commençons par le dernier venu, parce que je le trouve particulièrement convaincant. Uniregistry a son siège aux îles Caïmans et a été fondé par l’un des plus importants domaineurs du monde, Frank Schilling; Uniregistry est à la fois un registraire et un registre, qui gère notamment de nouvelles extensions (par exemple .HELP, .LINK, .CLICK, .SEXY, .TATOO, etc.). Ouvert à tous en 2014, Uniregistry offre une interface moderne, sobre et efficace, particulièrement pensée pour les propriétaires de grands portefeuilles. Cela fonctionne très bien et c’est très agréable à utiliser. Il y a en outre de très bonnes fonctions de sécurité, et la possibilité sans supplément d’anonymiser le propriétaire du nom de domaine dans le Whois. Les prix sont légèrement plus élevés que ceux des deux registraires suivants: cela n’a pas beaucoup d’importance pour quelqu’un qui ne possède que quelques noms, au vu des avantages de ce service; pour les propriétaires de portefeuilles plus importants (quelques dizaines, quelques centaines ou quelques milliers), Uniregistry accepte volontiers d’accorder des réductions, et il faut donc sans hésiter leur écrire pour négocier cela une fois le compte ouvert, avant de commencer à y transférer des noms. Pour l’instant, l’accent est surtout mis sur les grandes extensions classiques et sur les nouvelles extensions; Uniregistry travaille à y ajouter les extensions de certains pays très demandés, m’ont-ils informé, mais il n’est pas possible d’y enregistrer des .FR, .BE ou .CH pour le moment. Actuellement, Uniregistry est le service d’enregistrement qui m’enthousiasme le plus, et j’espère que cela se confirmera dans la durée. Si vous possédez des noms de domaine, je ne saurais trop vous recommander de cliquer ici et d’ouvrir un compte chez Uniregistry, afin de voir cela par vous-même.

NameSilo, fondé en 2009, est un autre excellent choix, mais ils ne proposent pour l’instant que neuf extensions majeures, dont les principales; ils envisagent cependant d’en ajouter d’autres en 2015, ont-ils récemment fait savoir. Les avantages offerts par NameSilo ne sont pas négligeables: à commencer par leurs prix, qui sont parmi les plus bas du marché, en incluant sans supplément l’anonymisation du Whois. Autre force de NameSilo: le service à la clientèle est excellent. J’ai toujours reçu des réponses personnalisées, claires et rapides. À leurs débuts, il m’est arrivé de leur faire des suggestions pour l’amélioration de l’espace utilisateur, et ces suggestions ont été rapidement mises en œuvre. Une bonne palette d’outils est proposée pour gérer ses domaines, et les mesures de sécurité proposées répondent à toutes les attentes. Je dois dire que je préfère la panneau de contrôle d’Uniregistry à celui de NameSilo, mais c’est une question de goût. Après cinq ans d’expériences avec eux, je ne puis que dire ma satisfaction: jamais de problème ou d’irritation avec NameSilo, et un sentiment de sécurité confirmé par leurs autres clients, à en juger par les avis lus sur des forums spécialisés. Si vous ne les connaissez pas encore, vous ferez certainement un bon choix en ouvrant un compte chez NameSilo.

Dynadot fait presque figure de vétéran par rapport aux deux précédents, puisque ce service d’enregistrement existe depuis 2002. Par rapport à d’autres grands registraires, il se signale par un panneau d’utilisation clair et rapide, sans surcharge d’éléments graphiques: une sobriété de bon aloi. Dynadot offre aussi des pris raisonnables; en revanche, l’anonymisation dans le Whois exige le paiement d’un supplément. La palette des extensions proposées est large et propose certaines extensions nationales (dont le .BE, mais pas le .FR ou le .CH, pour les francophones). Les prix sont très raisonnables, et ceux qui dépensent des sommes importantes (à partir de 500 $ ou de 5’000 $ par an) bénéficient de réductions supplémentaires. De bonne mesures de sécurité sont offertes. Je n’ai guère eu d’occasions de tester le service clients (ce qui est bon signe), et il m’est donc difficile de donner une évaluation à jour: disons qu’il m’a semblé moins « personnel » que chez Uniregistry et Namesilo. En plusieurs années d’expérience, pas de problème avec Dynadot: il leur est arrivé une fois (en 2009) d’être en panne pendant deux jours, mais ils ont ensuite envoyé un message d’excuses à leurs clients. Rien de notable à signaler depuis, en dehors de très passagères interruptions pour des raisons techniques. Dynadot est un registraire robuste et qui a fait ses preuves.
J’aurais pu mentionner d’autres services d’enregistrement, comme Name.com ou Namecheap, avec lesquels j’ai toujours fait de bonnes expériences.

Un service d’enregistrement qui mérite en outre un mention spéciale est Hexonet: ce service d’enregistrement propose un très grand nombre d’extensions, y compris celles de pays « exotiques »; si vous dépassez le cadre des extensions courantes ou des nouvelles extensions actuellement mises sur le marché, un compte chez Hexonet pourra vous rendre grand service. Leurs prix ne sont pas les plus bas, sauf pour quelques extensions, par exemple .CC, pour laquelle ils pratiquent des tarifs nettement inférieurs à ceux de tous leurs concurrents. À quelques reprises déjà, Hexonet m’a rendu bien service pour des noms de domaine inhabituels. Leur panneau de contrôle est austère, « technique », mais fonctionne plutôt bien. Ils n’offrent en revanche les options de sécurité poussées de certains de leurs concurrents, et l’anonymisation des données du Whois est payante.
Enfin, si une extension peu courante sur le marché international vous intéresse, il peut valoir parfois la peine de faire quelques recherches en ligne et de considérer un enregistrement chez un service particulier, différent des principaux que vous utilisez. Un exemple: si vous souhaitez enregistrer un nom de domaine .AM (l’extenstion de l’Arménie), vous payerez bien moins cher en ouvrant un compte chez Reg.am, qui propose des tarifs imbattables pour l’extension nationale (en revanche, les tarifs pour les autres extensions sont plus coûteux que chez les registraires recommandés plus haut). Dans le choix d’un service d’enregistrement, il faut donc tenir compte de ses besoins particuliers. En dehors de tels cas particuliers, les trois services recommandés dans cet article devraient répondre à la plupart des attentes et besoins.

P.S.: pour un nom de domaine en .CH, le service d’enregistrement le moins cher est pour le moment Infomaniak. En outre, ils offrent gratuitement un petit espace disque (pour un site « carte de visite ») et une adresse courriel. Difficile de faire mieux. J’ai une (bonne) expérience avec eux comme hébergeur. Leur interface de gestion pour nom de domaine est convenable, mais pas adaptée pour un grand portefeuille de noms, à mon avis. Mais pour quelques noms en .CH, une solution judicieuse.